Sans doute pour mieux humer les humeurs de la mer, pour guetter et lire la danse des vaguelettes et écouter murmurer le doux ressac du lagon. Sûrement, en tout cas, pour communier. Avec ceux qui, au début, ont lancé la tradition. Et communiquer avec l’esprit de la mer qui, disent les vieux, « pas ene badinaz ».
Pendant cette nuit, ce sont les hommes qui se retrouvent aux fourneaux. Armés de « pouknis » pour rallumer les braises qui font cramer et crépiter les « dekti », ils cuisinent en poussant la chansonnette. Les femmes, elles, assurent l’intendance et discutent, entre deux éclats de rire, des différentes façons de mitonner le traditionnel "bouillon blanc" de Mulet.
Affalé sur la plage, loin de l’agitation, François Meunier, 69 ans – dont 59 passés en mer ! – savoure l’instant. « Zordi ène zour spécial. Mo pensé ki mama pou gate nou ankor » dit-il, appuyant son propos d’un clin d’œil de vieux loup de mer.
Comme François, ils sont nombreux ici à avoir pris la mer vers 10 ans. Par nécessité souvent. Pour perpétuer la tradition, toujours.
A l’image de Ton Claude Spéville, incontestable vedette de la journée et de la journée à venir. Honoré et ému par le fait que sa pêcherie a été choisie pour le lancement officiel, il prendra longuement la pose devant les photographes, se racla la gorge et parlant dans un silence de cathédrale. C’est lui qui détermine où est-ce que « la senne » (les filets) sera posée le lendemain. Et ce lieu il le gardera secret jusqu’à la dernière minute. On ne pourra lui soutirer qu’une confidence : oui les Mulets seront au rendez-vous !
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